La défenseure des droits humains, Saïda El Alami, membre du collectif « Femmes marocaines contre la détention politique » a été enlevée à Casablanca.
Condamnée en 2022 à trois ans de prison ferme, elle avait été libérée avec d’autres journalistes, il y a moins d’un an.
Saïda Alami n’a pas cessé de manifester son soutien à tous les prisonniers politiques dont ceux condamnés à de lourdes peines de détention à la suite des contestations du Hirak du Rif en 2017 et dénonce aussi les actions et la corruption des services de sécurité et de la justice.
Son arrestation au lendemain de la condamnation en Appel du journaliste Hamid El Mehdaoui , préoccupe l’ensemble des défenseurs des droits humains et pointe du doigt la dégradation manifeste des libertés d’opinion au Maroc et l’accélération de la répression.
Ci-dessous le communiqué publié le 3 juillet 2025 par la Coordination associative en Europe pour les droits humains au Maroc.
« Moins d’un an après sa libération, la blogueuse et militante Saïda Alami s’est faite enlevée par des hommes en civil et conduite dans les locaux de la police judiciaire de Ain Sbaa à Casablanca. Selon sa famille, qui a appris la mauvaise nouvelle, Saïda Alami va être présentée devant le procureur. Les chefs d’accusation et le fondement juridique de son arrestation restent inconnus, mais ceux qui suivent l’actualité marocaine sont convaincus que cette arrestation est, une fois de plus, liée à ses publications qui pointent la mauvaise administration du pays.
Cette arrestation, qui survient presque 24 heures après la confirmation par la Cour d’appel de Rabat de la condamnation du journaliste Hamid El Mahdaoui à 18 mois de prison ferme et 150 000 euros d’amende, s’inscrit dans la continuité de la répression au Maroc.
Les jeunes militants du Hirak du Rif croupissent toujours dans les geôles marocaines. Le bâtonnier Me Mohamed Ziane est toujours traîné devant les tribunaux malgré sa longue détention, sa santé et son âge avancé (83 ans). Le blogueur Radouane Qastit, lui, a écopé de deux ans de prison ferme pour ses posts dénonçant le génocide à Gaza. Quant aux deux frères Chabli, ils ont été arrêtés pour avoir réclamé justice pour leur frère Yassine Chabli, mort sous la torture dans un commissariat. Leur mère, éplorée, continue de se battre en endurant la douleur de perdre trois fils. Et que dire de l’interdiction faite à l’historien et militant des droits humains Maâti Monjib de quitter le territoire national pour honorer des invitations à des conférences à l’étranger et du procès intenté au défenseur des droits humains Fouad Abdelmoumni…La liste est longue !
L’arrestation de la militante Saida Alami démontre une fois de plus la volonté du pouvoir marocain d’instrumentaliser le pouvoir judiciaire pour s’attaquer à la liberté d’opinion et d’expression.
Sa libération en juillet 2024, en compagnie des journalistes Taoufik Bouachrine, Soulaiman Raissouni et Omar Radi, a suscité une certaine lueur d’espoir de voir tous les autres prisonniers politiques et d’opinion libres un jour. Cet espoir s’est vite dissipé et la répression contre la liberté d’opinion a repris son cours. Elle se poursuit toujours contre toutes les voix qui dénoncent les politiques socio-économiques menées par le pouvoir marocain depuis des années, et la normalisation du Maroc avec l’entité sioniste génocidaire du peuple palestinien.
La coordination associative en Europe pour les droits humains au Maroc :
– exige la libération de Saïda Alami, l’arrêt de tout harcèlement dont elle est victime depuis sa libération en 2024 et la libération de tous les prisonniers politiques et d’opinion au Maroc – appelle à la solidarité internationale pour exiger de l’État marocain d’adhérer pleinement aux principes de l’État de droit et de se conformer à ses engagements internationaux. »
3 juillet 2025